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SORTIE VOE DU 22 OCTOBRE 2017 A FROMENTEL (suite)

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Nous nous sommes donné rendez-vous sur le parking de la menuiserie François CHEVALIER à FROMENTEL. Merci à lui de nous avoir ouvert sa propriété.

LA FERME DU BOIS PAYE NOËL

La vieille route que nous empruntons, a été abandonnée vers 1860, lors de la construction de l'actuelle D909, que nous traversons pour rejoindre la ferme du BOIS PAYE NOËL , graphie en usage depuis le XIXè siècle, alors qu'auparavant on écrivait LE BOIS PESNOEL, à relier avec les nom lieux-dits appelés « Pesnel », sûrement un nom de personne.

Pesnel : Ou Paisnel. Le nom est porté en Normandie, notamment dans la Manche, le Calvados et l'Eure. Le mot "paînel" est attesté chez Lachiver (Dictionnaire du monde rural) comme terme archaïque ayant désigné un paysan. Le nom a pu aussi être utilisé comme nom de personne et correspond de toute façon au latin paganellus, diminutif de paganus. On en a des exemples avec les deux communes de La Haie-Pesnel (Haia Paganelli, XIIe siècle) et Fontenay-le-Pesnel (Fontanetum Paganelli, 1077)."

La cour que nous traversons est entourée de bâtiments anciens, puisque la ferme faisait partie du domaine des OSTHIEUX. Nous avons remarqué le four à pain, dont la hauteur et la pente du toit sont identiques à celles du fournil et dont c'est uniquement la largeur, moins importante, qui marque la différence. L'étage au-dessus du four proprement dit accessible par une gerbière, sans doute pour entreposer des choses à sècher. Toujours à l'extérieur, sous le niveau de la sole du four, une autre ouverture permettait peut-être de récupérer les cendres. La fonction de four est reconnaissable à l'emplacement de la souche du conduit qui permettait d'évacuer les fumées sortant de la gueule du four.

Nous nous sommes arrêtés aussi devant le puits en ogive monumental, parfaitement restauré et complet : la porte, le dévidoir avec sa chaîne, la manivelle ancienne et surtout la pointe en pierre qui est ici particulièrement importante : une forme de bonnet, monothithe, très étirée en longueur, terminée par une petite boule, dans un granit différent.

LE MANOIR DES OSTHIEUX

Nous continuons vers l'EST, traversant un petit vallon sur une chaussée herbeuse surélevée ; c'est un ru dont nous avions vu les captages – puits en forme d'ogive - dans l'herbage entre FROMENTEL et la ferme. Ce vallon est aujourd'hui la limite communale entre la FRESNAYE et LES YVETEAUX .

LES OSTHIEUX, dont la forme ancienne est LES AUTHIEUX était une commune indépendante jusqu'en 1821 ; la paroisse a été suprimée en 1802 .

L'origine n'est pas connue : on suppose qu'il provient du latin « altaria », les hauts lieux.

Cela peut désigner des lieux élevés, ou des lieux sacrés, soit de l'époque gauloise, soit de l'époque chrétienne, dans le sens d'autels, au pluriel : y aurait-il eu plusieurs églises, ou plusieurs autels dans une église ? On y vénérait Notre-Dame des Champs, avec un pélerinage à une statue ancienne, qui a été transférée en 1807 au YVETEAUX, où elle est vénérée sous le nom de ND des Yveteaux.

Après avoir passé la limite du domaine, qui autrefois était matérialisée par un grand portail – on voit encore deux grosses bornes rondes en granit, couchées : leur « racine » est échancrée comme si elles étaient encastrées dans un seuil., nous passons devant « l'Orangerie ». C'est un bâtiment sur cave construit au XIXè siècle, à la façade SUD entièrement vitrée, servant à mettre à l'abri les plantes sensibles au gel.

Enfin nous apercevons la face OUEST du manoir. La partie la plus ancienne est à gauche :

un bâtiment rectangulaire, de composition symétrique, avec sa tour d'escalier hors œuvre au milieu couverte d'une flèche hexagonale.

De chaque côté nous voyons la même composition : un rez-de- chaussée surélevé sur cave, deux niveaux reconnaissables à leurs fenêtres à meneau et traverse, et un étage de comble.

A l'origine la cuisine se trouvait dans la salle de gauche , à droite, la salle.

La même distribution se retrouve à l'étage et dans les combles : c'est le manoir type de la Normandie du XVè et XVIè.

Le manoir était entouré de douves sur trois côtés : la face OUEST et les deux pignons.

La tour d'escalier des manoirs rappelle les tours des châteaux forts, et indique l'état de noblesse du propriétaire, les nobles étant la caste des guerriers d'autrefois.

La partie à gauche est un pavillon rajouté au XIXè siècle dans le style « troubadour », néo-gothique, avec une tour carrée à toit en pavillon et à droite, une tourelle en échauguette sur cul de lampe et avec toit en poivrière.

On remarque en bas (1) l'empattement du mur autrefois baigné par les douves, la pierre d'écoulement (2) de l'évier de l'ancienne cuisine, ainsi que les boutisses saillantes (3)

supportant le manteau de la cheminée à l'intérieur : celle-ci se trouve prise entre deux fenêtres : la cuisine était éclairée sur trois côtés.

Elle a été déplacée à la cave, réaménagée par de grandes ouvertures au SUD, lorsqu'on a supprimé les douves. En (4) l'éclairage originel de la cave.

La salle à manger a pris la place de la cuisine.

La façade principale, à l'EST donne sur la cour, sans douves, agrémentée à gauche d'une tourelle carrée en encorbellement

couverte d'un toit d'ardoises à l'impériale (autrefois de dalles de granit).

A l'exception de cette tourelle, la symétrie est parfaite aux trois niveaux : chaque travée est marquée sur la toiture par des lucarnes à gâble élevé , sommé de trois « boules de noblesse », encore un signe d'appartenance à la caste des guerriers , les boules étant des boulets pour machines de siège, puis pour canons. La travée du milieu est couronnée seulement d'un fronton en arc de cintre surbaissé, à crossettes sommé d'une boule plus grosse. Cette forme est déjà marquée par la Renaissance (XVIè)

Remarquons les deux petites baies de part et d'autre de la porte, atypiques avec leur couronnement polygonal appareillé. On ne peut qu'imaginer difficilement la distribution intérieure à cause de la place de la souche de cheminée du milieu. Celle de droite fait partie, semble-t-il du pavillon XIXè.

Observons le savoir-faire des tailleurs de pierre qui ont encastré le cul-de-lampe de la tourelle carrée dans l'appareil d'angle des murs : les moulures sont taillées dans la même pierre qui forme le mur.

Les deux grandes fenêtres présentent de chaque côté des échancrures. Pour certains auteurs, ils'agit d'un équipement de défense en cas d'attaque du manoir : elles seraient destinées à servir de support pour une arme (à feu?) permettant d'éviter les angles morts, sans avoir à s'exposer en se penchant par la fenêtre.

L'arc en accolade de la porte d'entrée, encore de style gothique tardif, donc fin Xvè début XVIè,

est orné d'un blason non documenté. ( Boislichausse?)

La plus ancienne famille des Authieux connue est celle de BOISLICHAUSSE , citée déjà en 1467. Est-ce l'époque de la construction du manoir primitif , ou faut-il attendre Jean de BOISLICHAUSSE cité en 1514 ?

Barbe de BOISLICHAUSSE, veuve, épouse en 1531 son voisin, Jean VAUQUELIN DE LA FRESNAYE ; leur fils , également Jean, est le poête bien connu, le chantre du houlme ; leur petit-fils Nicolas VAUQUELIN, seigneur des YVETEAUX , sera précepteur du jeune Louis XIII.

En 1632 la seigneurie et le manoir passent, par mariage, à Louis de FRIBOIS, seigneur de la Cour à GIEL (l'actuelle école Don Bosco). On appellera quelques fois le manoir « manoir de Fribois ».

En 1782 c'est la famille LE SEIGNEUR qui achète le domaine.

La dernière héritère épouse en 1804 le comte de CAIX de BLAINVILLE. Le dernier du nom meurt en 1916 sans postérité, et le domaine revient à son neveu ;

Il est vendu en 2015 (?) à Kathlenn BREMONT , qui ouvre sa propriété aux visites d'extérieur, chose qui était jusqu'alors impossible.

Qu'elle en soit, ici, remerciée.

LES AUTRES BATIMENTS

Extrait du cadastre de 1828

Le manoir (1), avec sa tour d'escalier, mais sans le pavillon SUD, rajouté plus tard

Emplacement de l'ancienne église paroissiale des AUTHIEUX et de son cimetière (2). En 1827 ont été vendus aux enchères les deux emplacements et les matériaux provenant de la démolition de l'église.

Les propriétaires du domaine y construiront leur chapelle en style néo-gothique, avec des pierres calcaires, destinée à servir de nécropole familiale.

L'étang supérieur (3) laissait passer l'eau vers l'étang inférieur (3b), transformé en prairie déjà en 1828 ; en passant l'eau faisait tourner la roue d'un moulin (4), aujourd'hui disparu.

La chaussée (5) séparant les deux étangs mène aujourd'hui à la ferme du domaine, à l'EST. C'était anciennement l'accès principal au manoir : le chemin mène en ligne directe vers l'ancienne route d'Ecouché-Argentan.

Carte d'état-major XIXè

Un état des lieux de 1689 décrit ainsi le site : un manoir (1) grand bâtiment où il y a plusieurs caves, salles, chambres, greniers, faisant face en entrant dans la cour (5). A côté d'icelui sont les écuries (11?) et devant est une autre longueur de logis servant à la demeure du fermier (6), au bout de laquelle sont les granges et les écuries(6). Derrière est le jardin et un étang(7) (3b).

Les bâtiments subsistant depuis le XVIIè forment

la cour des communs en L.(6) escalier à quart tournant linteau taillé en mitre

linteau irrégulier

porte à arc plein cintre surbaissé

dite « porte aux anglais »

porte à arc segmentaire monolithe

et arc de décharge

D'autres ont été rajoutés, peut-être au XVIIIè:

Pavillon à toit brisé, à terrasson très haut (XVIIè?)

à linteaux granit monolithe, en arc segmentaire (XVIIIè)

une lucarne en capucine, l'autre rampante. (Pas de la même époque?)

et au XIXè siècle (fermant la cour).

A l'entrée de cette cour des communs on a placé le socle (9) de la croix hosannière de l'ancien cimetière : on peut y lire une date : 1660 et voir le blason de la famille des FRIBOIS d'azur à deux fasces d'argent, accompagnées de six roses d'or, 3 2 1. surmonté de la couronne de baron.

En (10) a été construit le pavillon néogothique accoté à l'ancien logis et en (11) d'autes bâtiments (écuries...?) disparus vers 1860. L'accès principal se fait aujourd'hui par le SUD (8)

Madame de NOLLENT née LE SEIGNEUR , veuve en 1852, habitant seule avec sa mère, fonde un orphelinat pour filles dans l'un des bâtiments annexes. Elle décède en 1872.

Contrairement à une opinion répandue, ce n'est pas l'origine de l'orphelinat de GIEL, qui était, lui, réservé aux garçons et fondé en 1868 par l'abbé Vauloup d'abord dans les bâtiments de l'ancien Télégraphe.

Une visite au jardin (7) s'impose : il est clos de quatre murs bien entretenus, autrefois couverts de tuiles. Des poiriers taillés en espaliers s'alignent sous leur protection et des bordures de buis séparent les carrés anciennement plantés. L'eau était apportée par une conduite depuis les deux puits en ogive aperçus dans l'herbage entre Fromentel et la ferme du Bois de Paye Noël ; elle arrivait dans un bassin circulaire, encore visible, au centre du jardin.

Une avant-cour est réservée aux bâtiments d'élevage du petit bétail : soue à cochons, couverte d'une voûte en berceau, et son enclos ; autres petits bâtiments, dont le poulailler avec ses portes étroites à guichet dans la bas.

Le tout éveille l'envie de remettre l'ensemble en état, de proposer à un public de plus en plus friand de mode de vie alternatif, de participer à la gestion écologique d'un petit élevage et à la remise en culture du potager selon des méthodes durables. C'est peut-être là, souhaitons-le, un projet des nouveaux propriétaires.

Quant à VOE, l'association pourrait s'intéresser, lors d'une prochaine sortie, à l'études des divers essences et variètés d'arbres qui peuplent le beau parc à l'anglaise du domaine.

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